Ralentir ?

Si on commençait
par ralentir ?

Ces 15 dernières nous avons tous observé que les nouveaux territoires de communication (réseaux sociaux en tête) ont exponentiellement développé nos moyens de faire porter notre voix, notre discours de marques, nos envies de communiquer massivement… Mais le revers de cette médaille est que ces « exponentielles » ont accéléré nos vies, nous laissant que peu de répit pour nos cerveaux, nos yeux, nos oreilles et plus largement notre planète.
Mais pourquoi donc toute cette agitation ?

Et pour quelques points de croissance de plus…

Pour résumer, cette agitation n’est qu’une fuite en avant. Une course après le temps qui passe, une course après la croissance, l’argent. Une course pour remplir nos vies, une course après notre temps de parole que l’on veut à la fois efficace, criant et disruptif.

Nous voulons faire voguer cette voix le plus longtemps et le plus loin possible pour ne pas qu’elle sombre dans les océans de flux de données et de millions brèves et d’emails algorithmiques journaliers, tout en espérant qu’en retour les vagues finissent par rapporter quelque chose sur nos rivages. Alors nous courons…

Malheureusement, c’est une course un peu perdue d’avance.

L’agitation de notre communication est souvent calée sur du temps court, ce qui entraîne systématiquement l’idée d’urgence que seule l’urgence peut régler dans l’agitation. Une urgence bien mortifère.

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( Petite parenthèse )

L’urgence s’accompagne souvent de délais ridiculement courts et qui conduisent à du travail hors des horaires ou de toutes contingences sociales. Bienvenue les « charrettes » (crunch pour d’autres…) du soir, du week-end et de la nuit… Nous sommes arrivés à un point tel de cette dérive que dans le monde du travail moderne l’absence de ces moments critiques est parfois perçue, de l’extérieur et de l’intérieur, comme suspicieusement anormale. Mais, j’y reviendrai plus en détails dans un prochain article sur les conséquences graves (santé / business / environnement…) et le syndrome du “tu prends ton après-midi ? (alors qu’il est 18h)” et de toutes ces situations débiles qui découlent directement de cette agitation.

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Bilan de tout ça, en ayant un minimum de recul, cette situation est idiote !
Non ?…

 

L’agitation est à son comble !

En conservant cette posture, cette « agitation », il devient très difficile de se reconnecter à sa raison d’être, d’agir. Mais aussi, d’entreprendre sainement ou de s’engager sereinement dans nos activités.

Nous devons, autant que faire ce peut, cesser avec cette dictature du temps court. Les réseaux sociaux et les terminaux numériques ont trop largement contribué à cette accélération constante de notre vie depuis 20 ans.

Et la tentation est grande tant les possibilités sont nombreuses, mais le risque c’est que le temps court amène à créer des stratégies de communication de moins en moins ambitieuses, consensuelles, futiles et fabriquées avec des idées qui sont parfois recyclées, parfois éphémères voire les 2 pour être remise en question au bout de 3 jours.

Sans réelle vision d’avenir, sans authenticité, nous laissons toute sa place au bullshit ambiant qui ont fait tant de mal à l’image de beaucoup de secteurs professionnels que nous connaissons. 

Un résultat somme toute logique face à cette agitation permanente. Puisque le temps vient à nous manquer et que le temps, c’est de l’argent, et qu’il faut bien gagner sa vie. Cette expression est effrayante d’aberration. Comme si il ya avait un prix à payer pour vivre. 

Enfin bref… 

L’une des autres conséquences de ce bouillonnement est que notre créativité, à un moment ou à un autre, va s’en retrouver fatalement limitée. Nous l’avons tous connu ce moment de « bug profond », ce vide.

Une créativité limitée pas uniquement d’un point de vue communication (visuelle…) mais dans la créativité de l’esprit entrepreneurial, qui inspire l’innovation, l’intelligence positive, l’humain…

Loin de moi l’idée de remettre en cause la spontanéité d’une prise de parole ou d’une communication dans un temps rapide. Une info importante tombe, il faut en parler très vite, sa pertinence fait sens dans un contexte précis. Mais ce qui marche sur un événement ou l’authenticité de l’instant compte sincèrement, ne doit pas se transformer en règle absolue pour suivre nos désirs d’occuper l’espace constamment.

La peur du vide ? Produire pour produire ? Communiquer pour communiquer ? Emailing pour emailing ? Liker pour liker… NON ☝️

Car l’autre problématique qui va s’ajouter à ce temps court d’agitation, c’est la permanence des messages. Ce facteur complique aussi votre prise de parole et sa relative cohérence. Car à cause de la multitude de canaux utilisés, le risque de vous conduire à développer une image contradictoire ou incertaine est encore plus grand.

Il me vient en tête un exemple récent et concret qui illustre parfaitement mon propos. Mais la petite histoire ne s’est pas arrêtée là car leur communication s’est terminée en mode « damage control » jusqu’à être transformée en « mème » et moquée sur tous les réseaux dès le lendemain. Son impact négatif est insondable, et pour une entreprise majeure à l’envergure internationale comme celle à laquelle je pense, c’est plutôt moyen. Cette anecdote mériterait amplement un petit article à part entière, ce que je vais probablement faire… 😉 

La permanence des messages et donc de ces risques sont, certes, « contrôlables » mais au prix d’une dépense d’énergie considérable ou d’une débauche de moyens humains quasi inversement proportionnelles à vos objectifs initiaux et qui au bout du compte, se retrouveront fatalement en opposition avec certaines valeurs humaines.

Le temps court est une doctrine qui peut désastreusement laisser la place au cynisme, aux incohérences, aux soubresauts iniques, à la futilité créative, à la précipitation, à l’absence de colonne vertébrale dans votre communication jusque dans sa représentation visuelle. Ces erreurs auront des répercussions sur votre image à long terme et il me semble que le nihilisme n’est pas du tout votre objectif. Je me trompe ? 😁

Très rapidement et pour illustrer un peu plus mon propos, attaquons ce problème via un autre versant. Dans nos métiers de « communicants » on a, pour la plupart du temps, une profonde envie de faire de l’efficace, du parfait, du beau et de l’intelligent à chaque mot…

Et produire du beau, de l’intelligent, etc. dans l’agitation et le temps court c’est devenue une gageure, un masochisme quasi extra terrestre, une folie douce.

Comment, dans ces conditions, élaborer des stratégies responsables, humaines, intelligentes et bienveillantes si nous écartons le temps long ?

Alors, pour ne plus subir ce dictat de l’absurde, si nous voulons embrasser le changement dans nos habitudes de communication, il faut prendre une décision radicale : nous devons RA_LEN_TIR

Greenwashing

Ralentir ou subir.

🤨 Oui d’accord mais pourquoi ralentir ?
Parce que bon, « ralentir pour mieux communiquer », c’est bien gentil mais avec ça, on a tout et rien dit à la fois, non ?

Il est vrai !

Allez :

☞ Ralentir c’est éviter l’agitation permanente qui brouille votre discours. 

☞ Ralentir c’est aussi maîtriser son « image » plus facilement, être plus efficient, communiquer plus librement.

☞ Ralentir c’est penser stratégie d’avenir et pas idée du simple lendemain.

☞ Ralentir c’est transformer les contraintes du temps long en bénéfice réelle.

☞ Ralentir c’est préserver la santé au sens large.

☞ Ralentir c’est penser éthique.

☞ Ralentir c’est préserver nos ressources dans tous les sens du terme.

Et je peux citer Isabelle Sadoux, avec son aimable autorisation et je la remercie chaleureusement pour sa contribution, pour finir de brosser ce portrait avantageux du « ralentir » :

☞ Ralentir, c’est offrir du temps à une meilleure communication et aux émotions… Un luxe qui peut paraître dérisoire mais qui se transforme en atout.

☞ Ralentir est une bulle d’air à s’offrir pour reprendre souffle dans notre vie agitée !

🤔 Mais par où et par quoi commencer ?

Et bien pour cela, il va falloir passer par plusieurs étapes.

Premièrementsimplifier son discours pour le rendre cohérent et le re-connecter au sens réel de nos actions, quitte à redéfinir l’ADN de départ d’un projet, de l’entreprise…

Ce recentrage autour de son discours, sa simplification devenue évidente, nous permet de nous replacer sur les rails du temps long et de construire une vraie vision d’avenir.

Ce processus permet aussi de lutter contre la complexification des sources liés au flux incessant d’informations, d’images, d’emailings, d’alertes et de brèves qui nous inondent, rejoignant en cela les problèmes cités plus haut sur la permanence des messages, donc de son discours et par cascade le stress de l’agitation qui en ressort. 

Savoir laisser de l’espace pour mieux communiquer, c’est accepter d’utiliser ces intervalles pour maîtriser pleinement son image et cultiver le lâcher prise. Inventer, expérimenter et se ré-approprier son territoire pour ne plus le subir au travers du regard des autres, de la pression environnante ou du prisme déformant des cortèges de canaux de diffusion (j’ai réalisé il y a plusieurs mois une vidéo sur ce thème dispo ici ). 

C’est un véritable contrepied à l’accélération effrénée de nos sociétés actuelles et une prise de conscience du monde de sur-consommation qui nous entoure pour en éviter ses pièges.

Ensuiteil est important de bien identifier vos atouts propres, vos valeurs « humaines », votre savoir-faire unique… Ce sont de puissants leviers qui vont légitimer et élargir concrètement le champ de vos actions.

Des actions qui vont positivement et naturellement mettre en évidence vos valeurs.

Pour en revenir à vos atouts, ils font de vous un être ou une entité (entreprise…) unique loin du cadre consensuel ou de l’adoption d’une forme « de moule professionnelle », qui avouons-le, s’est probablement imposé à vous pas par choix mais parce que le secteur pro ou vous vous situez maintenant était ainsi fait très longtemps avant vous.

Ces atouts sont un premier pas pour passer à l’action et raccrocher les wagons de la raison d’agir à ceux de la raison d’être.

Ces piliers doivent soutenir l’ensemble de votre édifice pour l’avenir. Les remettre au centre est un préalable qui mettront vos compétences au service d’idées, d’actions concrètes ou d’objectifs qui font sens et les rendront possibles. La promesse d’une image publique qui renvoie à de vraies valeurs.

Avoir « un impact positif », imaginer des actions positives, être éthique, ralentir… toutes ces belles choses sont certes de doux mots aux intentions hautement louables. Mais ATTENTION de ne pas transformer ces objectifs en d’énièmes produits « marketables », interchangeables, quantifiables ou éphémères. Votre authenticité sur le long terme s’en retrouverait de nouveau fragilisée jusqu’à retomber dans des travers dénoncés plus haut et dans le monde actuel et celui que se dessine, ils seront bientôt hors sujet.

Ceci fait, il est temps pour vous d’agir. 👍

Greenwashing

Des bénéfices énormes !
(et non, je ne parle pas que d’argent)

En poursuivant un peu plus loin la réflexion, vous pouvez aussi construire des stratégies narratives, en créant un récit aligné à votre discours qui seront autant d’indices concrets d’un changement mais aussi d’un renforcement de vos valeurs et l’opportunité de mettre fièrement en lumière vos actions. Pour se faire, il faut savoir redonner sa place à la créativité instinctive et totale, à l’esprit artisanal, à un storytelling engagé en acceptant, par exemple, certains échecs comme des ressorts narratifs et se baser sur eux pour reprendre un nouvel élan et communiquer avec (ça, c’est quelque chose de très particulier que je propose à mes clients dans certains cas précis 😉 ). 

Cela passe aussi par une manière de se réapproprier l’idée du marketing construite sur une base simple de valeurs d’usage et d’échange pour les amener vers une nouvelle destination à la fois choisie par rapport à ses valeurs mais aussi moins consumériste, plus authentique et donc, bien plus éthique.

Capitaliser sur ces transformations majeures et les publics ressentiront ces évolutions positivement comme autant de preuves que votre engagement est sincère, bienveillant. C’est aussi un moyen subtil de rétablir une interaction constructive avec eux, un lien unique. 

En laissant la place à un discours clair, à une identité personnelle forte, une vérité assumée, directe, nous pouvons dire adieu au « bullshit » sans regret, aucun. Vos valeurs seront un porte étendard à fort impact positif qui vont s’ancrer durablement dans les esprits.

C’est aussi pour vos collaborateurs, employé(e)s, ami(e)s, associé(e)s, vos proches… l’opportunité de percevoir ce rayonnement comme un véritable terreau d’engagements bienveillants à votre endroit.

Par ricochet, les nouvelles générations qui après leurs études choisissent de plus en plus leurs entreprises sur des critères de RSE, d’éco-responsabilité, de sens… seront beaucoup plus attentif et séduit par vos prises de parole en parallèle de vos actes. Attirer à vous toutes celles et ceux qui ont des valeurs communes est un atout considérable pour votre avenir (et le notre).

La planète ne s’en portera que mieux, non ?

Au fond, que nous offre ces nouvelles approches si ce n’est de nouveaux territoires à explorer, des espaces pour nous exprimer en créant des contenus durables qui ne transigent pas sur l’exigence de qualité, de lâcher le mental, d’expérimenter, de gagner en efficience, de tester de nouvelles choses, loin des cadres codifiés de nos secteurs professionnels.

Attention tout de même car dans ces nouveaux espaces, où on aura accepté de ralentir, où le temps se sera étiré, à ne pas se laisser envahir par des peurs infondées.

Le risque est de vous laissez aller en réduisant vos chances d’avoir un discours véritablement authentique jusqu’à risquer de vous replonger dans vos failles originelles.

Il faut garder à l’esprit que cette authenticité retrouvée et assumée est un atout, une véritable valeur ajoutée. Une valeur dans le sens positif du terme, dans son sens le plus noble.

Il y a de quoi se réjouir de retrouver un peu de noblesse, d’éthique et de panache dans cette époque… car ces atouts sont d’un luxe incroyable.

“ Ce devrait être l’occasion d’une revalorisation du silence, des rythmes que l’on se donne, plutôt qu’on ne s’y plie, d’une pratique très parcimonieuse et raisonnée des médias et de tout ce qui, survenant du dehors, distrait l’homme d’être un homme.”
Bernard Stiegler
☞ P.S. :

Il y a certains termes que j’ai volontairement pas employé comme, par exemple : « transparent » ou « slow communication »… Le premier m’est pénible et le 2è est un anglicisme de trop bon aloi qui enferme plein de choses… En plus, j’ai déjà eu grand peine a utiliser le mot « storytelling », tellement galvaudé de nos jours. 😉


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