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Mon point “final”
sur la com’
et ses dérives.

Lieu du désir, avant scène de la croissance capitaliste exponentielle, l’univers de la com’/pub est un infatigable et un formidable promoteur de l’insensé domination humaine sur ce monde fragile.

Et, si le désir est l’essence même de l’homme pour Spinoza, tous ces besoins « modernes » sont projetés artificiellement dans nos esprits de consommateur via des stratégies marketing précises où l’humain est transformé en « une cible » CSP quelconque, au beau milieu des slides powerpoint d’une « reco » d’agence. Un humain dressé à devenir un consommateur addict à sa dose de conso quotidienne.

Depuis bien longtemps maintenant, dans l’univers de la com’, nous habillons, avec de beaux visuels retouchés et de magnifiques accroches, ce que nous produisons et que nous allons nous aussi, finir par convoiter à notre tour, là, derrière nos écrans.

C’est, ou plutôt, c’était ça mon métier.

Nous participons à la promotion, directement ou indirectement, aux flux de ressources nécessaires à fabriquer tout un tas de choses futiles et à les (sur)vendre ensuite.

-Pour commencer le « bal » et sans hiérarchie aucune (ou presque…), attention, ça risque de piquer fortement, prêt ? –

Nous plaçons des produits dans des films soi-disant culturels ou des séries TV déclinées en saisons, échappatoire à la solitude du réel.

Les personnages inspirent de nouvelles tendances, les actrices et les acteurs deviennent des « icônes » de la mode et de la pop culture.

Des séries que nous pleurons quand elles se terminent, abandonnées, orphelins de cette dose saisonnière massive de sentiments variés transmis par fibre optique.

Morceaux choisis tirés du magazine ELLE à propos de l’influence des séries TV sur la mode et la consommation, édifiant ou consternant, selon :
“ …Plébiscitées par les ados, les séries télé offrent aux marques de mode une grande visibilité. Et elles leur permettent, via les réseaux sociaux, de toucher de nouveaux clients.”

“…les séries deviennent de plus en plus des objets de consommation, des machines à goodies associées à l’achat compulsif de vêtements.”
ELLE
web mag

Nous accrochons des bâches géantes imprimées et, habillées de logos et de grands messages « inspirationnels », sur des immeubles en rénovation classés monument historique au cœur de capitales touristiques minéralisées.

“ Une bâche publicitaire en PVC mettra plus de 300 ans à se désagréger, ses résidus ne sont pas absorbables par la terre et sont donc hautement polluant.

Nous construisons aux abords de ces métropoles des stades qui porteront le nom des marques, sponsors « bâtisseuses » sur leurs frontons. 

Des bâtiments érigés à la gloire des gladiateurs modernes qui porteront à leur tour d’autres sponsors que nous recroiserons vraisemblablement en ambassadeur de marque, à la plastique « parfaite », pour une énième marque de luxe sur des bâches (encore elles…), puis sur des annonces presse, le cul posé sur le capot d’une voiture rutilante de 700 ch.

Nous affichons dans des zones commerciales titanesques, éclairés pour rien toute la nuit, afin de vendre des tas de produits bon marchés fabriqués à 10 000 km par des humains pressés comme des citrons à la gloire du prix bas et des marges brutes. 

Un écran publicitaire numérique consomme plus de 20 000 kWh sur sa durée de vie, soit la dépense énergétique annuelle de quatre ménages français.
Multipliez par 9 000*, et on obtient la consommation annuelle de 79 200 personnes.

Sources : ADEME 
*C’est le nombre de panneaux installés en France en 2019″

Nous nous nourrissons de quantités astronomiques de légumes hors des cycles naturels des saisons parce que nous pouvons en forcer le cycle, et ce, à très bas coût, et c’est l’emballage de la marque distributeur qui le signifie avec une belle pastille aux couleurs bleu et jaune fluo avec le mot « éco », pour économique, je vous rassure 😉

On aura bon dos ensuite de produire une pub pour vanter les producteurs locaux et bio sous cette même enseigne.

L’idée de se tirer une balle dans le même pied fait long feu, si je puis dire.

Bon, en même temps, le bio ne fait plus assez vendre et les marques du secteur peines à trouver un second souffle pour relancer le business.

Une tomate consommée hors saison génère 4 fois plus d’émissions de gaz à effet de serre qu’en saison.

75 % des Français déclarent consommer des tomates en hiver.

Source : ADEME, « La grande distribution et les sur-marges sur les fruits et légumes bio = 41 % du surcoût ».

Nous enfermons « notre ami le ruisseau dans une bouteille en plastique », comme le disait si bien le poète Francis Cabrel, dès 1981, dans sa chanson « Répondez-moi », le tout emballé dans de magnifiques packagings aux étiquettes magnifiquement illustrées, où est écrit un « depuis 177… » pour nous vendre un savoir-faire ancestral autour d’une ressource naturelle appartenant au bien commun.

Et, on a beau rugir en haut d’une colline au beau milieu de la savane avec une espèce en voie de disparition, ou poser une bouteille sur la neige avec en arrière-plan les montagnes des Alpes, avant que les derniers glaciers ne s’effondrent, voire des chaînes de volcans brillamment mises en lumière par des génies de la réalisation publicitaire, cela reste une aberration écologique de très haut vol.
 (https://educonso.com/zero-dechet/eau-en-bouteille-un-scandale-environnemental).

  • 89 milliards de litres d’eau sont mis en bouteille et consommés chaque année dans le monde, soit 2822 litres par seconde.

  • En moyenne, un Français consomme 180 bouteilles en plastique à usage unique par an. Les ventes d’eau en bouteille en France, c’est 5,5 milliards de bouteilles d’eau par an, dont 4,5 milliards d’eau plate.

  • Une bouteille d’eau parcourt en moyenne 300 km, de l’embouteillage au recyclage.

Nous aimons mettre en avant des prix imbattables avec des messages bien visibles sur des supports de vente que nous imprimons par tonnes de papier. Ils finiront vite dans une benne de déchets à recycler (ou pas), bien plus rapidement qu’un arbre abattu tombera au sol et servira à les fabriquer. 

La loi du 10 février 2020 est censée limiter ce fléau.

  • 18 milliards de publicités non sollicitées en France, ce qui représente 800 000 tonnes de papier, 1/3 de la consommation de papier à usage graphique – données 2019 –

Aucune importance, l’opération suivante d’un annonceur arrive bientôt, et de nouveaux stop rayons efficacement réalisés par les graphistes, aux couleurs vives, font déjà leur apparition… J’en ai déjà réalisé dans une autre vie, je m’en suis jamais vanté.

Nous écoutons les discours consensuels, mous et creux des pontes de l’AACC qui se succèdent (Association des Agences-Conseils en Communication) avec à leurs côtés les soutiens de La Filière Communication et de l’Union des marques UDA – Union des annonceurs – et autres acronymes possibles, depuis des dizaines années pour dans les faits, des résultats très faibles, pour ne pas dire inexistant et ce, sur plusieurs plans.

L’AACC ne s’engage en rien et ne protège personne avec une régulation défaillante du secteur, une forme de résilience déplacée et, une prise de conscience environnementale à la traine, pour ne pas dire confuse, voire nulle.

Et sur le plan des impacts sur la santé au travail : burnout, harcèlement moral ou sexuel… Sont autant de désaveux et le signe d’un manque flagrant de remise en question, de considération pour la dignité et la condition humaine en général.

  • 60 % des femmes affirment avoir été témoins d’au moins un fait de harcèlement ou d’agression au cours de leur carrière en agence.

  • 47 % des victimes déclarent avoir déjà subi au moins une fois un type de harcèlement qu’il soit moral (38 %), sexuel d’ambiance (24 %) ou sexuel (9 %).

Un immense merci pour l’immense travail de collecte des témoignages dans le milieu de la com’ d’Anne Boistard et de son compte Instagram : https://www.instagram.com/balancetonagency_/

Nous acceptons de recevoir des offres en adéquation avec nos souhaits les plus superficiels, sur les multiples supports numériques qui nous entourent, que les algorithmes malins nous concoctent à chaque instant. Les cookies ne sont plus ces charmants biscuits que nous sortons du four, mais des espions cachés, fait de 0 et de 1 par des esprits d’ingénieurs ingénieux et nous suivre à la trace sur le web. 
Quelle poésie dans le choix du nom.

“Le numérique est responsable d’environ 3,5 % des émissions de CO2 mondiales, avec une croissance de 6 % par an. C’est plus que l’aviation civile ! Nous ne pouvons plus nous permettre de continuer sur cette tendance inquiétante, alors que le réchauffement climatique de la planète est à l’oeuvre.

Ludovic Moulard
Head of delivry management au sein de fifty-five et membre du The Shift Project.

  • ☞ 106 TWh pour des émissions de carbone estimées à 60 Mt CO2 = environ 1,5 fois la consommation brute annuelle d’électricité en Ile-de-France.

  • Pärssinen, Matti, et al. « Environmental impact assessment of online advertising. » Environmental Impact Assessment Review 73 (2018): 177-200.).

  • Le total des émissions de CO2 des pubs sur internet était de 60 mégatonnes en 2016.

  • Sites médias : 70% de l’empreinte carbone vient des pubs et des statistiques.

  • Empreinte carbone une campagne digitale dite “classique = 71 tonnes de gaz à effet de serre (CO2).

Nous consommons l’information comme nous consommons des yaourts, anxiogènes ou non, elles nous donnent l’illusion d’être éclairées entre 2 bannières de pubs numériques ciblées, quelques paniers d’achats en attente d’être validés par nos soins et, une chronique de l’été à la rubrique « high-tech » sur : « Montre connectée: L’eau est-elle sans danger pour nager et plonger avec l’heure au poignet ?« …

La forte concurrence dans les médias entraîne une véritable sur-abondance de « scoop », une escalade sensationnalisme et une course commerciale pour fidéliser les publics cible d’un journal noyé dans un groupe média tentaculaire à la charte éditoriale débilitante, et n’hésitent plus à transformer les nouvelles pour attirer le consommateur (faire le tri : appliquer la règle du 80/20).

“Bah au pire, j’y échappe en zappant sur ma chaîne de contenus préférés et je regarde la saison 1 d’une nouvelle série made in USA qui s’annonce prometteuse dans le métro, en rentrant du boulot. Elle me fera oublier la précédente qui s’est finie trop vite et m’a rendu trop triste. Et puis tous ces incendies, c’est anxiogène, non ?…”
Le Meilleur des mondes de Aldous Huxley
“La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader. Un système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude … 

Aldous Huxley

Nous glorifions la 5G comme l’ultime (r)évolution de nos usages pour nos smartphones à 1 000€ en nous donnant la possibilité de consommer des films en 4K sur des écrans 5 pouces. Le « monde de la pub attend la 5G avec impatience » dixit le JDN en février 2019.

Une 5G survendu par des acteurs du marché en mode « lobbyiste » et des cortèges de mensonges en tout genre et serait le meilleur moyen de surfer en faisant miroiter, par exemple, des économies d’énergies par rapport à la 4G (totalement FAUX), etc.

Bref, le concept était de nous faire avaler cette magnifique technologie à coup de « plus produits » imaginaires et mensongers. Bravo les communicants, sur ce coup, vous vous surpassés !

À l’image de l’accroche d’Orange™, pleine de promesses, qui annonçait dans ses pubs : « vous rapprocher de l’essentiel ! » (grand prix des stratégies de com’ / com’ d’entreprise et des collectivités territoriales 2018, bravo à la team créa !) …

Nous « rapprocher de l’essentiel » ? En nous éloignant de tout ce qui a un tant soit peu de consistance en ce monde en nous vendant l’archétype même du superflu ?

Fort !

Concrètement, la 5G, c’est 10 fois plus de rapidité pour assouvir nos besoins futiles de conso numérique, pour toujours plus de données physiques en temps réel afin d’alimenter des « IA » avides de plus de puissance aux services de la gamification des publicités et faire le bonheur de quelques marketeurs online décérébrés ou celui des services de AR (Réalité Augmentée) ou de VR (Réalité Virtuelle).

Voilà, ça nous empêchera de trop cogiter sur ces canicules à répétition et ces incendies qui ravagent et désertifient nos paysages dans le MR (monde réel).

Comment dans ses conditions faire de vraies « économies » si les possibilités et les besoins sont démultipliés ???

Une belle réussite technologique d’ingénieurs diplômés soucieux de prendre soin de nous et de l’environment, en nous amenant un peu plus vite dans le mur.

Génial, quelle belle innovation !!!…

Ah les c… !

“ Selon la tendance actuelle, d’ici 2025, le trafic pourrait augmenter d’un facteur 2 ou 3, et l’empreinte carbone augmenter de plusieurs dizaines de pourcents.

Louis Golard
PhD UCLouvain

Nous cultivons des potagers de pixels au sein d’univers virtuels fantasmés où le mot « Farm » fait authentique, « on l’a dit au marketing »

Et des jeux vidéo eux aussi markétés à l’envie, tournés vers des loot box de plus en plus déraisonnables en coût, de skins* (* habillage graphique qui s’utilise dans un jeu pour modifier l’aspect d’un personnage ou d’un objet) exclusifs et payants, de placements de produits, d’accessoires de marque et autres achats intégrés à prix d’or qui nous permettent de « progresser » dans un monde merveilleusement illusoire, créant de la richesse sur des « besoins » virtuelles, véritable réplique de l’impulsivité et des irrépressibles envies de conso du monde « réel » au sein d’un monde virtuel.

Bientôt inclus dans les game pass (service d’abonnement de jeux vidéo), les pubs interrompront la partie d’un jeu vidéo en cours, en faisant l’annonce sur un énième nouveau jeu à télécharger voire, un abonnement supplémentaire qui permet d’avoir accès à encore plus de contenus exclusifs + + + trop classes et forcément indispensables. Le marketing fait rage !

  • 60 % des ventes de jeux vidéo en 2021 provenaient de DLC*, de microtransactions et d’abonnements.
  • L’industrie du jeu vidéo sur consoles émettrait 37 millions de tonnes d’équivalent CO².

* Contenu téléchargeable additionnel – Downloadable content.

Petit tableau comparatif et ordres de grandeur sur la valeur des « choses »:
  • Un skin super rare sur le jeu vidéo Fortnite = 885 € en achetant le produit partenaire du moment (valeur d’un smartphone S, sponsor de l’opération).
  • Un sac de riz de 1 kg sur le continent Africain, essentiel à la survie = 1,5 € 
  • Une rampe d’accès handicapé = 200€ par mètre linéaire en moyenne – France
  • Une rentrée des classes en collège (6è) en France panier moyen = 200 € (chiffre 2021)
  • Un prix moyen d’un abonnement aux transports en commun en France (chiffre 2022) = 65€ 

Nous assistons religieusement à des grandes messes organisées pour célébrer le nouveau produit high-tech hyper tendance des marques célèbres, un produit vendu comme «  innovant » (Ils le sont tous, c’est fou ! Mais ça je l’ai déjà dit par le passé, non ?… 😉 ). 

Nous buvons alors les paroles d’un gourou communicant en col bleu marine sur une scène baignée de lumières froides devant un public fébrile, événement également retransmis en direct sur des canaux de diffusion multiples qui appartiennent aux mêmes GAFAM et suivis par des millions d’internautes accrocs à la tech. Le logo est en grand.


Nous restons suspendus, ils vont bientôt l’annoncer. 

À grand renfort d’animations stroboscopiques, la 40è version d’un objet qui surpasse le salaire annuel d’un ouvrier d’Afrique subsaharienne qui accueillera, dans son pays transformé en une poubelle géante à ciel ouvert, de nouveaux déchets des précédentes versions de cette industrie et de toutes les autres et que toute cette vitrine inspire bien mal des peuples qui veulent atteindre cette « félicité » alors qu’ils devraient fustiger ce modèle qui les exploite sans vergogne.

 » Mais pu… ! Le dernier teaser sur les réseaux faisait grave envie quand même, en plus ils ont mis une musique en tête des tendances sur spotify et tiktok. »

Bim ! L’image du sponsor s’imprime dans nos cerveaux !!!

Les Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques = 53,6 méga tonnes par an.

2020 – https://globalewaste.org/news/surge-global-waste/ les téléphones, ordinateurs, télévisions, etc. génèrent entre 2,1% et 3,9% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
À titre de comparaison, l’aviation civile génère 2,5% des émissions de GES.

Et “ça continu encore et encore, ce n’est que le début d’accord, d’accord” (Cabrel décidément 😉 ).
Car, non content de faire la une du TIME ou d’avoir de beaux papiers dans les Échos et Le Monde, le metaverse débarque fort sur le marché global.
Il devient la nouvelle plateforme multimédia incontournable et, elle est promise à un brillant avenir. 

TIME - into the metaverse

Un nouvel espace de consommation qui vient s’empiler sur toutes les autres offres déjà disponibles partout et à chaque instant. 

Tout va bien dans le meilleur des mondes dystopiques, les panneaux publicitaires s’invitent déjà dans ce nouvel eldorado. 

Du petit-lait pour les marques annonceurs, et au diable la RSE, car cet univers n’a pas de règle, elles seront à créer par tous « les bons précurseurs ».  Une aubaine pour les géants du GAFAM qui mettent déjà au point de nouveaux systèmes de merchandising massif dans ces mondes virtuelles aseptisés où l’on se soucie peu des impacts puisque l’environnement n’est composé que de 0 et de 1.

La gamification s’accentue sous la pression des cerveaux du secteur marketing qui voit cette opportunité de faire briller les marques dans ce « formidable » metaverse, et vendre encore plus de produits inutiles en matière pétrole.

Des univers où l’on dirige « Monsieur Propre » perché sur une éponge qui veut effacer des séries de tâches réputées coriaces (véridique).

C’est pathétique !

Après avoir pollué par l’énergie déployée pour soutenir ces mondes en VR, le metaverse aura aussi son impact sur l’environnement.

En cause, une belle libération des énergies de sur-consommation supplémentaire pour produire ces nouveaux « besoins » et qui viendra invariablement s’ajouter à l’ensemble complexe de marchandisation de masse de notre monde capitalistique néo-libéral qui produit majoritairement du déchet et tue à tout rompre. 

Je vois déjà les fameuses grosses agences de com’ ouvrir un nouveau département spécialement dédié au metaverse et, composé de jeunes recrues biberonnées au numérique, que l’on peut exploiter à plein temps, week-end compris (« les SMS ça compte le dimanche matin à 6 h ? »…) sur la fabrication de contenus et d’illusions d’activités humaines afin d’ouvrir grand les bras à des opportunités de nouvelles « mannes » financières.

Tellement d’énergie et de neurones employés pour développer du vent et de la m…, un exploit, il faut bien le dire, sans créer une seule fois de valeur réelle, tangible et utile au vivant.

Devise shadocks

Parlons des rapports RSE, le nouvel allier de la communication au service de l’image de marque.

En 2020, la firme de Mark Zuckerberg publiait son rapport annuel dans lequel elle affirme avoir réduit ses émissions de GES de 94 % et avoir atteint ainsi la neutralité carbone.
Les rapports de Google, Apple, Amazon, Microsoft etc. ne sont pas si différents et restent dans une forme d’enfumage assez prononcée surtout en regard des pubs en ligne intensives, d’incitations multiples aux achats, de crédits carbone fantoches, mais surtout avec un manque total de transparence sur les chiffres réels ou des actions réellement mesurables. 

Hors, pour faire face à une pression des enjeux environnementaux et sociaux de plus en plus présente, la stratégie d’une entreprise doit se doter de compétences spécifiques.

Mais en y regardant de plus près, l’absence de compétences sociales et environnementales au sein des Conseils d’Administration est l’une des barrières les plus complexes à franchir.

La plupart des membres sont en grande partie d’anciens directeurs à la retraite et autres transfuges, qui ont mené la plupart de leur carrière dans une époque où le dérèglement climatique et la transition vers des modèles soutenables étaient des sujets très marginaux.


Environ 10% seulement des membres de ces grandes entreprises, dont la culture est davantage tournée vers des compétences financières, disposent de compétences dans les domaines de la RSE et sont donc incapables de prendre les décisions nécessaires à une transformation globale d’un modèle économique où l’humain est devenu une ressource.

Alors on communique beaucoup, on fait le beau, on met en forme des visuels inspirants, on crée des magazines de marques pour créer du contenu, on développe la marque employeur de manière faussement authentique. On crée des postes pour accueillir des personnes en situation de handicap pour être en phase (avec la loi OETH des 6% – 1987 – 2020) et mettre en avant « des valeurs inclusives » et faire des caisses en com’ sur les réseaux sociaux en mode société « humaine et inspirante » juste pour booster la marque employeur, « ça fera bien dans le prochain rapport ». Des postes tellement peu préparés en amont à accueillir, qu’ils disparaissent pour la plupart au bout de 6 mois, grossissant un peu plus les statistiques d’un taux chômage élevé sur cette population. 

On tourne des spots aux abords des plateformes marchandes pour montrer 3 chèvres dans un petit pré accolé à la structure et les gens sont heureux, ils sourient. On pense qu’ils sont en lien avec la nature mais c’est oublié bien vite qu’ils posent à côté de leur méga-entrepôt qui s’étend sur 142 000 m² de béton et voit passer plus de 200 camions par jour.

La pub est dans la boîte, l’agence a fait son beurre, le créa aime beaucoup la lumière naturelle de ce « shooting », le directeur « RSE » est content de ses chèvres qui font tellement authentiques et le marketing est aux anges. Business as usual et l’écologie n’y échappe pas.

Nous suivons tous ces logos, « blasons » des temps modernes, reconnaissables entre mille, ne jouant que par eux au milieu d’une guerre économique mondiale, comme les vassaux suivaient fidèlement le blason de leur seigneur et maître dans une guerre fratricide.

L’héraldique, elle, a bien changé, les servitudes volontaires, pas vraiment. 

Les morts, eux, seront encore là, sur le champ de bataille.

Quoi qu’il en soit, à +3°C, on en reparlera de tous ces business modèles…

Bilan (ou pas)

Alors, ai-je forcé le trait ?

Quand je vois dans l’industrie du luxe et notamment le dernier défilé de Yves-Saint Laurent qui a déployé des moyens énormes dans le désert d’Agafay au Maroc en totale contradiction avec des objectifs durables pour qu’on parle de lui (que fait le directeur RSE de cette boîte ???), ou, dans la fast fashion, les mensonges répétés de la com’ RSE de H&M, et des groupes comme Coca-Cola qui tue le vivant en exploitant les ressources en eau de façon outrancière, véritable leader de la pollution environnementale plastique, qui sponsorise sans vergogne des événements sportifs à travers la planète alors qu’ils sont responsables d’une majorité (avec les McDo et Cie.) des problèmes de santé liés au diabète, au cancer et à l’obésité, surtout dans les pays les plus vulnérables où les frais de santé explosent… 

Non, je n’ai aucunement besoin de forcer le trait, c’est une situation purement ubuesque, se caricaturant elle même comme souvent. Oui, tout se déroule à merveille en ce monde.

Et, comme on parle de com’ et pour illustrer le « grand n’importe quoi » dans ce secteur, je vais faire référence à cette compétition mondiale hors norme organisée par Coca-Cola (https://www.strategies.fr/actualites/marques/4069749W/coca-cola-le-contrat-qui-valait-4-milliards.html : article de Stratégies) où la vision de Coca-Cola est décrite à la fin, et je cite, comme une « Manière d’entretenir son statut de précurseur. »

C’est évident, donner à une agence le soin de gérer l’essentiel de ces marques sur l’ensemble du marché mondial (200 pays et territoires) avec un juteux contrat à 4 milliards (????) à la clé, sans se poser à aucun moment les bonnes questions sur un futur client « toxique » pour le vivant (j’attends avec une certaine fébrilité le rapport RSE de cette agence, je pense qu’on va rire jaune…), à de quoi rendre cette compétition unique dans l’histoire de la com’ (une manœuvre de marketing pour doper ce statut « précurseur », ils en ont les moyens finalement, pourquoi se priver).Et, je poursuis ; « le client privilégierait les conditions de paiements à 90 jours en fonction de la date d’exécution des travaux « 

HA, Ha, Ha, Ha !…

Bon, on est bien dans une autre dimension pour le côté « précurseur », ou alors j’ai loupé un épisode, non ?… 

C’est à se demander si les agences aiment se faire rincer dans des compétitions abusives (un problème dont on parle depuis 30 ans, l’AACC n’a jamais rient fait à ce sujet, ça se saurait) pour servir de serpillère à la sortie et finalement, en redemander encore, juste, pour quelques dollars de plus…

Des précurseurs, on vous dit…

L’ombre du désenchantement me guette ?

Au contraire, c’est le début d’un combat lucide et sur un plan différent. 

Ai-je noirci le tableau ?… 

La réalité est crue et porte sobrement toutes les couleurs. Les exemple sont encore nombreux et je n’ai même pas eu à parler des « influenceurs » ou du secteur automobile qui est un grand adepte du greenwashing en com’ : Volkswagen : leçon de greenwashing à l’allemande.

Encore de la colère ?

Franchement, oui mais avec certaines nuances (voir mon précédent « article » ici ).

Indignez-vous, que diable !!!

Conclusion

Pour répéter ce que je posais en préambule comme constat, nous recevons en moyenne de 3 000 à 5 000 (2021 ?)* sollicitions d’achat dans une journée de la part des marques annonceurs (pubs TV, internet, smartphone, zones urbaines, zones commerciales, présentoirs, transports, …), des injonctions de sur-consommation permanentes qui contribuent à boire la coupe Terre jusqu’à la lie.

* 1 200 à 2 200 publicités par jour et par individu en 2007.

“ Si nous considérons la publicité dans un sens très large (…) nous serions alors exposés à pas moins de 15 000 stimuli commerciaux par jour et par personne« .

Arnaud Pêtre en 2007

 

La question est :

Comment dans ces conditions déconstruire efficacement ces notions consuméristes, productivistes qui nous envoient directement à la mort ?

À décharge, la « sobriété » dans une activité soutenable est loin d’être un sujet facile à vendre dans l’esprit de la plupart des conseillers/communicants/marketeux surtout auprès de clients annonceurs qui ont dans la majorité des cas, des stratégies de développement économique hors-sol, voire dépassée, en porte-à-faux avec les Objectifs de Développement Durable (ODD) ou les conclusions des multiples COP qui n’ont eu aucun effet ces 20 dernières années sur l’économie et une sobriété souhaitée dans tous les domaines.

Faire face à un constat d’échec du système tel qu’il est, n’est pas une chose naturelle tant il « protège » et « sécurise » artificiellement nos vies.  Et faire face à cet échec qui fabrique de l’ignorance et les milliers de biais cognitifs qui l’accompagnent, demandent un ré-alignement et de vrais choix de vie pour nager à contre-courant et essayer de contribuer au changement, à son échelle.

Ces choix qui font sens avec le vivant et doivent nous ramener sur terre. 

J’exorcise donc à mon niveau cet « univers de la com’ », qui n’est que LE vulgaire faire valoir d’un monde qui se consume en consommant. 

En se « CONSUMMANT » ! 😉

Et qui me dit que je ne suis pas moi-même victime de ces biais qui me disent de choisir cette voie alors qu’elle n’est peut-être pas la meilleure ?

Mouais… 

Je crois savoir ce qui est juste en tant qu’espèce vivante, je me tourne donc vers l’humain, le vivant, et je ne suis pas le seul à le faire. 

Sans conteste, cela promet d’être exaltant, expérimental et utopique.

Alors, à très bientôt pour vous en parler un peu plus !

 

C’est la société qui s’est mise au service du développement économique alors qu’on pourrait penser que le développement économique n’est qu’un moyen du développement de la société .

Au sujet du renversement, des rapports entre économique et social.
Vincent de Gaulejac

P.S. : L’usage intensif de guillemets dans cette tribune, m’a épuisé 😉

Quelques indices pour parler de la « suite » : nouvelle entreprise, accompagnement, ateliers, agriculture, restaurateur de biodiversité, peinture, aménagement du temps de travail, …

☞ Pour allez plus loin sur ces sujets : 

☞ D’autres articles